Quand on coupe l’internet à un pays

Un avocat soudanais a déclaré à la BBC que l’Internet avait été rétabli après une fermeture de trois semaines, mais uniquement pour lui.

Abdel-Adheem Hassan a remporté dimanche un procès contre l’opérateur de télécommunications Zain Sudan pour la panne d’électricité imposée par les dirigeants militaires soudanais.

Cependant, il affirme que sa victoire ne lui est bénéfique que dans la mesure où il a classé l’affaire à titre personnel.

Internet a été coupé après que les forces de sécurité aient dispersé violemment des manifestants campant dans le centre de Khartoum.

Les manifestants veulent la fin du régime militaire à la suite du coup d’Etat contre le dirigeant de longue date, Omar al-Bashir, DWA agence web en avril.

Africa Live: Plus d’infos sur ce sujet et d’autres récits africains La révolution soudanaise: ‘Hors ligne mais pas réduite au silence’ Le viol et la révolution: ‘Ils pleuraient et hurlaient’ Le seigneur de guerre qui pourrait contrôler l’avenir du Soudan M. Hassan a déclaré qu’il était actuellement le seul civil du pays capable d’accéder à Internet sans avoir recours à des hacks compliqués.

Il a déclaré qu’il se remettrait en cour mardi pour faire droit à davantage de Soudanais.
« Nous avons une audience demain et une autre après-demain. Espérons qu’un million de personnes auront accès à Internet d’ici la fin de la semaine », a ajouté M. Hassan.

Le journaliste arabe de la BBC, Mohamed Osman, à Khartoum, confirme que l’internet reste bloqué en dépit de l’ordonnance du tribunal de dimanche.

Légende des médias, Tomi Oladipo se rend à Khartoum et étudie les conséquences de la désactivation sur l’organisation des manifestants. M. Hassan a déclaré à la BBC: « L’opérateur n’a pas donné d’ordres écrits pour déconnecter Internet.

« Tout le monde essaie d’éviter les responsabilités, personne ne veut être personnellement responsable – c’est un crime et une violation internationale des droits de l’homme. »

Lundi, l’ONU a exhorté les autorités soudanaises à autoriser les observateurs des droits de l’homme à accéder au pays et à mettre fin à la « répression » contre les manifestants.

La chef des droits de l’homme des Nations Unies, Michelle Bachelet, a appelé le gouvernement militaire à mettre fin à la fermeture d’Internet lors de son discours d’ouverture au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

Que s’est-il passé au Soudan? L’armée soudanaise a démis de ses fonctions le président de longue date, Bashir, en avril, après des mois de manifestations et de troubles.

Un conseil de généraux a pris le pouvoir le 11 avril, mais il a eu du mal à rétablir la normalité dans le pays.

Le Conseil militaire de transition composé de sept membres est dirigé par le général Abdel Fattah Abdelrahman Burhan. Le conseil dit qu’il doit être responsable de l’ordre et de la sécurité.

Mais les manifestants veulent un régime civil.
Le conseil a été condamné par la communauté internationale pour avoir lancé le 3 juin à Khartoum une violente attaque contre des manifestants, qui aurait fait au moins 30 morts.

Qu’est-ce qui va arriver? La plupart des pays africains et occidentaux ont soutenu les manifestants.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est rendu au Soudan pour tenter de négocier un accord entre le TMC et les manifestants plus tôt ce mois-ci.

Dimanche, le conseil a rejeté la proposition éthiopienne sur laquelle les manifestants s’étaient mis d’accord samedi, au motif qu’ils n’avaient pas étudié l’initiative éthiopienne, qu’ils ont décrite comme unilatérale.

Le journaliste soudanais Mohanad Hashim, de la BBC, affirme qu’il est à craindre que la situation au Soudan ne se détériore très rapidement.